PORTFOLIO
Cecil Ka vit et travaille à Arles, à Séville dans les deltas du Rhône en Camargue et dans celui du Guadalquivir à Doñana.
“Ce que je vois n’est pas devant moi,
mais en moi” Cecil Ka
Est-ce grâce à l’incertitude de notre être au monde que les photographes travaillent à donner au visible des visages ? Est-ce pour calmer les tressautements de l’existence que Cecil Ka place des femmes (et des hommes également) au devant elle ? Des femmes parées de leur lumineuse simplicité ou de leurs plus somptueuses tenues de célébration.
Les images ont toujours été là, les corps, les visages, les regards ont toujours tournées autour d’elle.
La nécessité de les fixer photographiquement fut tragiquement déclenchée par la disparition prématurée de sa mère ; une femme aussi brillante qu’aimante. Dès lors Cecil Ka entre en photographie, elle travaille à fixer la force et la présence des femmes. Elle construit une matriarchie superbe et universelle de Brooklyn aux rue de Séville, des dimanches à Arles aux barrios de Mexico ; là où la mort et la fête se mêlent comme une évidence.
Cecil Ka se place juste avant la fête, lorsque les corps sont disponibles et déterminés, leurs prunelles dans les nôtres. Les images vont par deux, elles nous parlent par paire, mais elles sont en vérité triples.
Une image interstitielle se forme dans le manque, dans la tête du regardeur.
Photographe du visible et de l’invisible - de l’entre deux - Cecil Ka délaisse la question de l’instant au profit de la mise en relation : nous les regardeurs et elles : les images. Replaçant les enjeux du portrait dans le champ de l’art contemporain. Cecil Ka tisse le lien entre eux et nous, entre la tradition du genre et sa postérité. Des images impossibles, et pourtant en nous. Des portraits de vivant.e.s et de disparu.e.s. Des présences dans l’absence. Des cendres maternelles aux constellations tutélaires qui nous donneront peut-être un nouveau cap.